Le Comptoir se projette sur la Seine.
Lauréat de plusieurs appels à projets (Mairie de Paris, Métropole du Grand Paris, HAROPA-Ports de Paris), il a mené une expérimentation de report modal en 2022 : sur un bateau-entrepôt, le Comptoir reçoit de la marchandise des producteurs sur le fleuve en amont de Paris, prépare les commandes pendant la navigation jusqu'aux cœur de Paris, ne laissant que les derniers kilomètres
aux vélos-cargos et camions, évitant ainsi de nombreux tonnes-kilomètres par la route.

En 2023, cette expérimentation se poursuit sous la forme d'une étude de faisabilité co-pilotée par la Ville de Paris et la société Fludis. Le but est de s'interroger sur la pertinence de nouveaux modèles de logistique urbaine, notamment via le fluvial, à destination de la restauration collective.

Une chaine logistique écologique et multimodale


En novembre et décembre 2022, en coopération avec l'opérateur fluvial FLUDIS, le Comptoir Dionysien a expérimenté le report modal de son circuit de distribution.


1/ Pré-acheminement des marchandises :     

La nuit depuis les plateformes des transporteurs du MIN ou apportés par les producteurs l'après-midi, les marchandises sont chargées sur le quai de Choisy dans la cale du bateau.

 2/ Navigation et préparation des commandes

Le temps de navigation entre Choisy et Bercy est mis à profit pour préparer les commandes. 

Le bateau n'est plus seulement un outil de transport mais un véritable entrepôt flottant.

3/ Post-acheminement et distribution :

Parvenu au cœur de Paris dès 7h, les commandes sont prêtes à être déchargées et livrées en vélos-cargos et camions sans rupture de la chaîne du froid. 


Pourquoi le fluvial ?


Le transport fluvial est en un mode de transport à l'efficacité énergétique avéré et dont les externalités négatives - bruit, odeur, pollution, empreinte au sol, coût d'entretien, congestion - sont bien moindre que celles engendrées par le paradigme du "tout-routier" qui domine depuis des décennies la politique nationale des transports.


 

 

20   bonnes raisons d’utiliser l’eau comme moyen de transport

 

 

1.     Sobriété énergétique

2.     Faibles émissions de GES et MP

3.     Emprise au sol réduite

4.     Une infrastructure largement naturelle

5.     Une action positive exercée sur la nature par le déplacement lui-même

6.     Économe en énergie grise

7.     Le coût

8.     Une plus-value apportée aux produits

9. Un respect des produits et des vins vivants par le rythme des flots

10. Des infrastructures largement amorties, coût d’entretien relativement faible

11. Décongestion du réseau routier

12. Pouvoir de pénétration en milieu urbain

13. Peu de pollution sonore

14. Douceur, sérénité

15. Un mode de transport très peu meurtrier par rapport à la route

16. Sauver les canaux, les utiliser pour leur redonner de l’intérêt

17. Favoriser les « circuits-courts » relationnels

18. Politiser l’étape du transport, invisibilisé par notre mondialisation malgré ses lourdes externalités négatives

19. Justifier l’entretien d’un inestimable patrimoine

20. La beauté qu’il offre comme cadre de travail, la beauté qu’il laisse aux paysages

 

 

 

À l’heure où l’on peut recevoir des palettes en 24h ou 48h d’un bout à l’autre de la France, pourquoi utiliser ce moyen de transport si lent, qui nécessite souvent plus de ruptures de charge, une manutention plus lourde et des « moyens humains » plus importants ?

 

 

Eh bien, nous sommes convaincus que le mode de transport flottant, l’un des plus anciens, dont l’âge d’or en France est depuis longtemps oublié, redevient pleinement pertinent aujourd’hui et qu’il aura toute sa place dans le « monde d’après ».

 

 

 

Physiquement parlant…

1.       Sur l’eau, la portance et le mouvement nécessitent une énergie naturellement moindre que la force motrice nécessaire à déplacer un même poids sur terre : mobilis in mobili, du fait d’être mobile sur un corps mobile.

 

 

Ecologiquement parlant…

2.       Un moindre besoin énergétique, donc moindre émission de gaz à effet de serre et de microparticules.

3.       Une emprise au sol moins envahissante que les routes (peut-on de toute façon mettre dans la balance l’emprise au sol des lacs et des rivières qui nous préexistaient, et même celle des canaux dont les rôles – écologiques, touristiques – sont multiples par rapport aux routes et au réseau ferré ?)

4.       Utiliser les cours d’eau c’est faire usage d’une infrastructure naturelle (le réseau hydrographique), et si les canaux sont artificiels ils se sont intégrés aux paysages et aux biotopes, dans lesquels ils se confondent dans la mesure où ils y participent – à l’opposé des zones mortes que sont les routes et les voies ferrées).

Les fleuves et canaux sont vivants !

À l’inverse, les routes et les voies de chemins de fer imposent un découpage, une dissection de l’espace, un morcellement et un découpage de la trame écosystémique.

5.       Utiliser les cours d’eau en y circulant, oxygène et donc entretient ces cours d’eau (qui sont autant de corridors écologiques) ; en cela, on peut dire que le passage des bateaux exerce en soi une action positive sur la nature qu’ils traversent.

6.       La flotte disponible et quasi indestructible des péniches aujourd’hui (la moyenne d’âge des Freycinet dépasse les 70 ans en France, et beaucoup ont plus d’un siècle) et l’utilisation plus douce du matériel de transport (dont les moteurs), leur confère une durée de vie incomparable au matériel de transport routier, et fait de ce mode de transport de loin le plus économe en énergie grise.

 

 

Économiquement parlant, pour une entreprise…

7.       Le coût est un sujet à double tranchant, car si le fluvial est globalement reconnu comme moins chers que le ferroviaire et le routier (0,041€ à la tonne-km en moyenne, contre 0,062€ et 0,060€), il faut aussi prendre en compte la taille des embarcations qui peut faire varier ce coût et surtout les ruptures de charge, qui sont souvent ce qu’il y a de plus couteux et donc de plus dissuasif.

À cela, nous pouvons répondre que nous pourrons faire de justes comparaisons entre les facilités réelles de la route, du train et du fluvial lorsque les moyens financiers qui y sont consacrés seront plus justement répartis. Depuis plusieurs décennies, le paradigme du « tout routier » gouverne (au grand profit des concessionnaires autoroutiers) pendant que les infrastructures fluviales, notamment celles qui pourraient faciliter les intermodalités, sont négligées.

Heureusement, sur ce point, les impératifs climatiques aidant, les lignes semblent bouger…

8.       Sur un autre plan, le transport fluvial (comme le transport à la voile) apporte quelque chose en plus au produit transporté, il l’augmente d’images, d’histoires, d’aventures pour l’acheteur.

9.   Le transport fluvial permet un plus grand respect des produits, non seulement parce que les bateliers sont plus attentionnés – ils ont plus de temps, ils vivent littéralement dans leur outil de travail – mais parce que les flots sont toujours plus doux que les cahots de la route.

Certains disent même que les flots bonifient le vin…

 

 

Économiquement parlant, pour la société, le contrepoint du « tout-routier »…

10.   Les infrastructures fluviales sont colossales mais construites pour les siècles, elles sont largement amorties. L’entretien des routes représente un coût énorme pour les collectivités, bien que peu de chiffres soient rendus publics en la matière (ce qui est en soi révélateur).

11.   Très sous-exploitée, les voies d’eaux représentent aujourd’hui des voies de circulation alternatives pour décongestionner le réseau routier saturé, en particulier aux abords et dans les grandes agglomérations.

On dit que la Seine, de loin l’axe fluvial emprunté de France (si l’on n’exclue le Rhin), est exploitée à un tiers de sa capacité.

12.   Le fluvial a une capacité de pénétration en milieu urbain bien plus efficace que la route (en particulier couplé à la cyclo-logistique), ce qui est très utile notamment à une époque où vont se mettre en place les Zones à faible émission (ZFE) dans les grandes villes (2024 à Paris).

13.   Le fluvial génère moins de pollution sonore que celle, omniprésente, de la circulation routière. Le ronronnement d’un vieux GM qui passe nonchalamment sur une rivière est tellement plus supportable que le bruit d’un camion, des crissements de pneu, des klaxons…

14.   Plus globalement, les eaux véhiculent avec elles de la douceur, de la sérénité, à ceux qui travaillent dessus ou ceux qui vivent à leurs abords, aux antipodes de la circulation routière si anxiogène et agressive.

15.   Ce mode de transport est d’ailleurs infiniment moins meurtrier, même en proportion à son usage, que la route (et donc, pour cette raison aussi, beaucoup moins couteux – les frais causés par l’insécurité routière s’élevaient à 38 milliards d’euros en 2016 !).

16.   Alors que les bateaux de commerce sont désormais quasi inexistants sur les canaux du centre – ces canaux, qui représentent une richesse inestimable pour le pays dans la mesure où ils relient les bassins versants, et que sans eux la Seine, le Rhône, le Rhin, redeviendraient coupés les uns des autres –, les utiliser à des fins commerciales justifie leur préservation et leur entretien à une époque où ils se révéleront très certainement cruciaux pour la transition énergétique.

Les utiliser maintenant, c’est contribuer à leur redonner de l’intérêt et forcer les politiques publiques à s’en préoccuper !

 

 

Humainement parlant…

17.   La batellerie, par sa nature et son histoire, permet de retisser des relations commerciales de main à main, des circuits-courts relationnels sur longues distances, des réseaux de confiance et de solidarité de bout en bout.

Un batelier qui a récupéré des bouteilles des mains d’un vigneron, transmettra au buveur parisien avec qui il boira d’ailleurs sans doute un verre, bien plus qu’une bouteille : une intention, un voyage, un morceau de sa vie.

18.   Plus globalement, à une époque où le transport maritime ne coûte plus rien, où on se fait livrer colis et palettes à travers le monde pour un coût dérisoire sans presque plus y penser, prendre la peine de réfléchir au transport et à son impact écologique, en faire un problème à résoudre collectivement, conscientiser et intégrer le transport dans une écologie globale entre production et commercialisation, paraît comme une nécessité existentielle à une époque de basculement climatique.

L’hydrogène – le rêve de l'hydrogène – et toutes les nouvelles énergies vertes ne feront que repousser plus loin les problèmes en les multipliant dans une surenchère technologique sans fin si l’on ne retrouve pas d’abord une sobriété technologique.

Il n'y a qu'une énergie verte : l'herbe !

19.   Utiliser les fleuves et les canaux, c’est aussi assurer la préservation d’un extraordinaire patrimoine méconnu et en danger : les canaux et leurs ouvrages d’arts (ponts canal, échelles d’écluses, tunnel, ascenseur à bateau, maisons éclusières, etc). Leur usage, notamment pour le commerce, justifie leur entretien.

20. Enfin, bien loin là encore de la route et des conditions de travail des routiers, ce mode de transport assure aux mariniers un cadre de travail de toute beauté.

Son infrastructure, le lit des rivières, les losnes, la ripisylve, les canaux construits au fil des générations, les ouvrages d’art, tout cet ensemble dont on aurait dû mal à imaginer que nos paysages puissent en être dénué, leur confère au contraire beauté, charme, attractivité – on va au bord de l’eau sans raison, on s’y pose, on s’y promène, juste pour y être.

Si loin, encore une fois, de la laideur généralisée et affligeante que le bitume de la voirie a imposé partout à nos paysages.